2 octobre 2024

Portrait et solutions d’une crise du logement proposés par le groupe Concertation Logement Sherbrooke (CLS)*

Il manque de logements abordables à Sherbrooke. 

Une crise du logement se reconnaît par un taux d’inoccupation des logements qui frôle le 0 %. En période de pénurie, on voit apparaître une augmentation rapide des prix des loyers et de celui des maisons, ainsi que des difficultés d’accès à un logement décent pour les personnes plus démunies, les jeunes ménages, les aînés et les personnes immigrantes.

Dans un marché équilibré, le taux d’inoccupation se situe autour de 3 %. Il est nettement sous cette barre partout au Québec et autour de 1 % à Sherbrooke. Les ménages qui se cherchent un nouvel endroit où vivre sont confrontés à un double défi : le coût croissant des logements et leur rareté de plus en plus importante.

 

Une série de changements

 

L’impact de cette rareté des logements s’est vu amplifié par une série de changements directement reliés au marché de la construction :

  • Une importante augmentation des coûts de la construction ; 
  • Une hausse marquée des taux d’intérêt ;
  • Des retards dans la construction de logements sociaux ;
  • Une flambée des prix de l’habitation.

La forte hausse des prix de l’immobilier, jumelée au bas taux d’inoccupation un peu partout au Québec, incitent certains à vendre leurs immeubles pour générer de gros profits ou, à évincer leurs locataires, en vue de louer leurs logements à des prix supérieurs.

Plusieurs changements démographiques ajoutent une pression supplémentaire sur le marché de l’habitation et se répercutent sur la crise actuelle.

  • La croissance de la population ; 
  • La réduction de la taille des ménages ;
  • La ruée sur les résidences secondaires ;
  • Les locations de courte durée.

Que pouvons-nous faire pour nous attaquer efficacement à la crise du logement ?

Concertation Logement Sherbrooke, comité de travail constitué de plusieurs organisations sherbrookoises, s’est posé la question et milite activement pour trouver des solutions à l’enjeu complexe de la crise du logement.

Il est évidemment possible d’adopter des mesures pour stimuler la construction et l’offre de logements, mais ces solutions seront loin d’être suffisantes. Le logement n’est pas un bien comme les autres : le gouvernement doit reconnaître qu’il est un droit fondamental et que le marché privé à lui seul est incapable de répondre aux besoins.

Les gouvernements

 

Les gouvernements fédéral et provincial ainsi que les municipalités peuvent et doivent :

  • Investir massivement dans la construction de logements sociaux et communautaires
  • Utiliser le droit de préemption en achetant pour investir en logements sociaux et communautaires
  • Rehausser l’aide aux coopératives d’habitation et aux OBNL
  • Renforcer le contrôle des loyers
  • Préserver le parc locatif

Plan d’action et mesures

 

Bref, c’est par un ambitieux plan d’action déployé partout au Québec que le gouvernement provincial, aidé financièrement par le gouvernement fédéral, peut et doit répondre à la crise du logement.

Toutefois, le comité de travail Concertation Logement Sherbrooke* pense qu’il faut faire plus. Nous devons demander l’aide de la population, des organismes d’économie sociale et des organisations privées. Tous doivent mettre la main à la pâte.

Voici une série de mesures, lesquelles nous l’espérons, seront mises en œuvre pour combattre cette crise :

  • Que des groupes de personnes se forment pour coréaliser de nouveaux logements communautaires
  • Que les locataires questionnent leur propriétaire pour voir leur intérêt à vendre leur bâtiment à une coopérative d’habitation ou à un OBNL en habitation
  • Que les propriétaires privés qui veulent vendre leur bloc approchent les réseaux de coops et OBNL pour convertir leur bâtiment en logement communautaire
  • Que les propriétaires privés utilisent les subventions d’aide aux ménages pour garder leurs locataires plus démunis
  • Que la population demande à son conseil municipal d’investir davantage dans le logement social et communautaire

Série de conférences de presse

 

En parallèle de la stratégie québécoise en habitation, un ambitieux plan d’action au niveau local doit aussi être mis en place pour entrevoir la possibilité de loger adéquatement toute notre population.

N’oubliez pas qu’une crise du logement qu’on laisse s’embourber devient une crise sociale. Notez également que nous vivons aussi une crise d’accession à la propriété qui met davantage de pression sur l’accessibilité au logement.

Afin d’éviter l’amplification de la crise, nous commençons donc une série de conférences de presse pour vous faire connaître les projets et les solutions en cours et ainsi vous faire suivre l’évolution de cette contre-attaque face à la rareté de logements.

Pour y arriver, vous comprenez donc que la participation de tous les acteurs du territoire est essentielle pour répondre au droit à se loger pour tous et toutes.

Recommandations de la CLS* pour contribuer à résoudre la crise du logement

 

  • Accroître l’offre de logements sociaux et communautaires en suscitant l’investissement dans le logement social et communautaire ;
  • Diversifier l’offre pour l’adapter aux besoins et réalités des ménages (ex. : plus de grands logements) ;
  • Adopter une définition consensuelle locale de l’abordabilité résidentielle ;
  • Faciliter l’accès au logement en particulier pour les populations vulnérables ;
  • Accroître et bonifier le soutien communautaire en logement ;
  • Favoriser la mixité sociale et enraciner un mieux-vivre ensemble ;
  • Mobiliser les terrains publics et privés sous-utilisés pour la construction de logements sociaux et communautaires ;
  • Contrôler la hausse du coût des loyers ;
  • Créer un guichet unique ou point de contact centralisé pour les promoteurs de projets résidentiels communautaires et sociaux à Sherbrooke ;
  • Simplifier les processus administratifs et réglementaires pour les projets de logements sociaux et communautaires.

*Les membres du comité Concertation logement Sherbrooke : l’Office municipal d’habitation de Sherbrooke, le Parallèle de l’habitation sociale inc., la Fédération des coopératives d’habitation de l’Estrie, le groupe de ressources techniques (GRT) Entraide Habitat Estrie, la Fédération des OSBL d’habitation de la Montérégie et de l’Estrie (FROHME), la Table itinérance de Sherbrooke, la Table jeunesse de Sherbrooke, la CDC de Sherbrooke, le CIUSSS de l’Estrie-CHUS et la Ville de Sherbrooke.